Albinos

Le Brise du sud n'a pas attaché ses amarres que le nouveau venu met déjà un pied sur les pilotis. Grand, maigre, vêtu d'une ample djellaba bleu nuit, la moindre parcelle de son corps est recouverte de tissu. Même ses yeux sont dissimulés par une antique paire de lunettes de glacier. Du pont du navire, Ramos lui lance un imposant sac de marin auquel est fixé un arc long.

- Cuidado ! Va pas m'esquinter mes boutanches !

Malgré les rafales, sa voix grave porte loin. Les réponses de Ramos sont couvertes par le bruit du vent.

- Ca va. Rien d'cassé.
- ... ?
- Ouais, on fera avec.
- ...
- Entiendo. Hasta luego, hermano !

Il hésite un instant, comme si l'envie le prenait de remonter à bord. Puis se ravisant, l'étranger fait un signe de main au membres d'équipage tandis que le navire prend de la vitesse, les voiles gonflées par le vent. Il ramasse son sac et se retourne pour contempler la cité lacustre. Le vent du large joue avec une meche de ses cheveux blancs comme neige. On dirait qu'il cherche un visage connu, un repère dans cette terre qu'il ne connait pas. Derrière lui, le Brise du sud s'éloigne vers le nord.

Sa dégaine d'épouvantail évoque quelques souvenirs au biker perché dans sa vigie. C'est un Donbassien.

Aeris va à la rencontre d'Asta. Elle guétait son arrivée depuis plusieurs heures. Comme lui, elle était très sensible au soleil d'où son chapeau gigantesque, ses vêtements de toile laissant passer l'air mais pas le soleil et aussi ses horaires assez étranges.

En été elle se lève très tôt, en même temps que le soleil puis se réfugie à l'ombre d'un batiment (sa cabane généralement) de 10-11h à 17-18h et si elle doit sortir pendant cette période, c'est toujours brièvement et bien couverte. Malgré toutes ces précautions, sa peau se parre de magnifiques éphélides (taches de rousseur ;-)). Les bikers ne peuvent contempler que celles de son visage, mais Punch peut les dénombrer sur la totalité de son corps. Elles continuent sur le coup, les épaules, les bras, les jambes et le haut de la poitrine ce qui permet de se livrer à des petits jeux érotiques très excitants pour le jeune couple.

- Asta ! C'est moi !!

Bien qu'il soit cagoulé, Aeris réussi à lire l'étonnement dans le comportement d'Asta. Il devait surement penser qu'elle ne viendrait pas l'accueillir à cause de son état. Son ventre s'arrondissait, mais c'était encore assez léger et elle était en grande forme depuis que les nausées avaient disparues.

- Eh ba quoi ? Etonné de me voir debout ? J'allais quand même pas rater ton arrivée !

HJ: ceci se passe avant le massacre des amazones.

Harumi avait vu de loin le bateau accoster et quelqu'un en descendre. Cet accoutrement bizarre ne lui était pourtant pas inconnu. Quand elle vit Aeris à ses côtés ça lui revint soudainement, elle l'avait aperçu lors de son bref séjour à la Nouvelle Donbass. Elle ne se souvenait plus de son nom, mais il lui semblait qu'il travaillait à la bibliothèque de la cité.
Elle se rapprocha des deux amis déja en train de discuter.

-Hey Aeris, tu me présentes ton ami ? Mon séjour à la Nouvelle Donbass a été bien court, je n'avais pas eu le temps de faire sa connaissance à ce moment là.

S'adressant à l'inconnu

-Bonjour, je m'appelle Harumi et je te souhaite la bienvenue à BFH.

Devant le visage et les formes radieuses d'Aeris, toutes les appréhensions d'Asta fondirent comme neige au soleil. Milles mots échangés, mille nouvelles données. La radio à ceci de particulier qu'elle ne remplace nullement un interlocuteur de chair et de sang.

- Que Darkjul me patafiole ! Ca fait plaisir de te revoir, la belle. On dirait que le vent du nord te profite. Puis, contemplant le ventre arrondi, il fit un large sourire. C'est pour quand l'heureux évènement ?

Pris par la joie des retrouvailles, il ne vit pas la jeune asiatique approcher. Elle lança quelques mots à Aeris avant de lui souhaiter la bienvenue. Il s'inclina respectueusement.

- Vos salutations me vont droit au coeur. C'est vrai que j'ai pas eu l'temps d'causer avec grand monde d'ici. Mais le temps perdu peut toujours se rattraper, non ? J'suis Asta. Tout court. J'aime pas les titres ronflants. J'ai ramené quelques boutanches pour fêter ça, y'a un endroit ou peut caser not' séant sans qu'ça tangue ? J'en ai ma claque des rafiots.

Daisy, qui s'était réveillée, affalée sur une table au bar, avait entendu des bruits de voix venant de dehors... Elle sortit sur le seuil de la taverne, et appela:

_Heyyy! Les becs! V'nez-y donc au bar! Astaaaaaaaaaa!!!!!...... *boum*

Evanouie, allongée en travers de l'entrée, elle ronflait... finissant de cuver...

Souk, se reveilla au moment ou daysi se mit a crier quelquechose qu'il ne comprit pas. Il ouvrit les yeux, la bouche pateuse et se leva avec precaution. Il etait encore dans la reserve a vodka de la taverne! Il fit un effort pour ne pas tomber et se mit a enjamber quelques caisses vides qui le cachait et, a cause de l'alcool, il buta contre une pile de caisses bien empilées. Elles tomberent dans un bruit assourdissant. On put entendre une bouteille tomber une seconde apres. Les bikers s'arreterent de parler et regarderent la lourde porte en metal qui protegeait le fameux stock. Souk passa le seuil de la porte, completement abattu, en pleurant...une personne qu'il ne reconnut pas sur le moment vint lui demander ce qu'il avait. Il repondit en sanglotant:

-J'ai detruit 3 bouteilles de vodka....

- Quoi? et c'est pour ca que tu pleures????

-bêh non...c'est que c'etait les seules que j'ai payé!!!!

Les bikers rirent et souk alla se presenter au nouveau qui etait deja bien accompagné:

Salut moi c'est souk...si t'as besoin d'un truc, vient me voir, je suis soit a l'atelier, soit dans ma tente, soit a la taverne ou la ou l'on peut trouver de la picole!!

Ainsi accompagné, le grand enturbanné fit son entrée dans le bar, enjambant une jeune fille qui cuvait manifestement. Pendant qu'il aidait à installer la comateuse sur une chaise, il cru entendre une détonation lointaine, portée par la brise du nord. Il restat un instant interdit, les sourcils froncés. Puis le vacarne en provenance du fond du bar emplit son attention.

...


Beaucoup de bikers se présentèrent d'eux même. Asta leur rendit à tous leur salut. Ils apprirent que ce bibliothécaire Donbassien avait profité de l'invitation d'Aeris et d'une place disponible à bord du navire de Ramos pour rejoindre la patrie des bikers. Une occasion de découvrir des gens avec qui il n'avait pas eu beaucoup le temps de parler, confia-t-il. Son élocution était étrange, passant de l'argot à l'espagnol pour finalement sortir des ribambelles de termes alambiqués avant de finir par un juron bien senti. Parlant de tout et de rien, des nouvelles et du temps qui passe, la conversation allait bon train tandis que Daisy cuvait, affalée sur la table.

- Et où est donc l'heureux père, que j'lui serre la pogne ? C'est pas une tafiole s'il a pu saisir le coeur de la belle du désert, c'te gars. Et Krill ? J'lui doit une boutanche et une causette.

Farfouillant dans son sac, il en sorti une bouteille non etiquetée emplie d'un liquide ambré. Il commença le service.